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Chronique Mai 2005
Par Safaa Nhairy
De Washington, DC

Les femmes marocaines, un produit occidental réussi

Loin des guerres et du terrorisme, les femmes dans l'Islam demeurent un sujet qui interpelle l'attention et la curiosité de nombreux occidentaux. Beaucoup de chercheurs déploient leur force et leur énergie afin de comprendre le monde islamique qui semble être si différent, si bizarre, refusant le « modernisme » et continuant son chemin sans se soucier des autres. À leurs yeux, les pays comme l'Iran et l'Arabie Saoudite vivent sur une autre planète ou encore sont complètement décalés du présent. De grandes compagnies américaines et autres se sont installées dans ces pays, des produits médiatiques occidentaux ont remplacé les programmes locaux bref la culture occidentale existe, sous toutes ses formes, dans la vie de tous les jours, dans les magasins de vêtements, dans les restaurants rapides et dans leurs moyens de communication. Pourtant, ces sociétés résistent à toute intrusion dans leurs principes et morales.

De l'autre côté du continent se trouve le Maroc, un autre pays musulman. Là, les choses se présentent très différemment. Les jeunes femmes marocaines semblent être facilement apprivoisées par les aspects de la vie à la soit-disant américaine. Les magazines féminins ont ouvert le champ aux Marocaines d'explorer certaines choses de la vie, jusque-là taboues ou interdites, de les exposer à la culture populaire dominante et de les éveiller par rapport au « retard » qu'elles vivent.

La femme marocaine ne demande pas le droit de conduire ou de sortir sans voile ; la société lui permet ceci depuis longtemps. La femme marocaine moderne travaille toute la semaine, place ses enfants dans des crèches, embauche des domestiques pour les tâches ménagères et fait son shopping le week-end. La femme marocaine s'assied à table avec son confrère l'homme sur les terrasses de café et déguste son café, la cigarette à la main. La femme marocaine parle plus d’une langue, conduit des voitures étrangères et s'habille comme ses consoeurs européennes. Voilà l'exemple parfait de ce que les pays occidentaux souhaitent voir dans le monde musulman : des dociles parfaitement récepteurs de la culture et style de vie superflues de l'Occident.

Il est certain que le Maroc a avancé par rapport à l'acquisition des droits de la femmes (même si la majorité des femmes concernées n'en sont pas conscientes), mais le progrès consiste-t-il vraiment en la cigarette à la main ou les vêtements signés de chez Zara ?

Les femmes marocaines qui poursuivent des études supérieurs représentent une minorité et cela ne changera pas de sitôt. Les femmes marocaines qui créent, produisent, pensent ne sont pas légion. Les femmes marocaines qui participent aux activités caritatives se comptent sur le bout des doigts. Les femmes marocaines chefs d’entreprises et décideuses ne sont pas nombreuses non plus.

Les femmes, mères, institutrices, docteurs, sont les principales façonneuses de la mentalité de la société. C’est par leurs mains que chaque homme ou femme de demain passe. Pourtant, des problématiques importantes comme le civisme publique n'apparaissent pas être sur leur agenda. S'il y a cette prédisposition à vouloir ressembler à l'autre, peut-être faudrait-il se méfier des apparences et s"intéresser au fond des choses.

La culture populaire qu'exportent les pays du Nord n'est pas leur réalité. Ces pays-là ne sont pas avancés grâce à leur aspect vestimentaire ou à leurs coiffures, qui ne sont bien sur pas des critères pour adhérer au développement. Leur progrès est surtout dû à leur cerveau qui est en travail permanent et à des choses que nous continuons à vouloir ignorer. En demeurant à s'intéresser qu'aux façades, nous soutenons la tactique occidentale qui veut de nous être que des réceptifs muets.

 

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